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Interview du Club Fraternité Maman de Gadjagan

Le CFM du village de Gadjagan a été créé en février 2007.


Interview de la présidente : Félicia Amétépé

Félicia Amétépé

Bonjour Félicia ! Vous êtes institutrice et présidente du CFM à Gadjagan. Comment votre Club a-t-il été créé ?

Des membres de FIT sont venus faire des séances de sensibilisation dans le village. Ils donnaient des conseils pour bien entretenir son foyer : le respect réciproque de l’homme et de la femme est la clef pour éviter les querelles et permettre l’harmonie dans le ménage. Ils parlaient aussi de la responsabilité partagée vis à vis des enfants. Il y a eu plusieurs séances et nous avons été nombreuses à nous y intéresser fortement. C’est comme ça que le Club est né afin que nous, femmes de Gadjagan, puissions continuer à vulgariser ces messages.

Comment fonctionne concrètement votre club ?

Nous sommes actuellement 30 femmes dans le Club, plus 2 hommes conseillers. La plupart des femmes sont revendeuses ou agricultrices. Elles gagnent assez mal leur vie car elles auraient besoin d’investir pour mieux cultiver la terre.

Nous nous réunissons chaque dimanche à 15h avec les conseillers pour décider des activités à entreprendre. Nous commençons par un tour de parole pour savoir si l’une d’entre nous a des problèmes ou si elle a remarqué un foyer en difficulté et nous tentons d’apporter des réponses collectives à ces situations. Notre mot d’ordre est la solidarité, aussi bien entre nous que vis à vis des personnes extérieures au Club. Nos réunions sont l’occasion d’un échange de conseils et aussi de compétences : par exemple, l’une d’entre nous nous a appris à fabriquer du savon.

Quels types d’actions avez-vous entrepris jusqu’ici ?

Nous avons monté un groupe folklorique pour nous faire connaître et transmettre des messages par des sketchs. Nous avons aussi réalisé des séances de sensibilisation dans le village. De plus lorsque nous observons un problème au sein d’un foyer, nous jouons un rôle de médiateur pour résoudre la situation. Nos conseillers masculins sont alors bien utiles pour nous adresser aux hommes.

Nous avons aussi loué une terre pour cultiver un jardin potager, avec un système de roulement pour l’entretenir. Malheureusement, nous avons commencé deux mois trop tard et la pluie est arrivée tôt cette année, ce qui fait que nous n’avons pas couvert nos frais. L’année prochaine, nous commencerons dès septembre et j’espère que ça sera plus fructueux.

Pouvez-vous donner un exemple de situation que votre Club a résolue ?

Au village, il y avait un homme marié qui voulait fréquenter une fille. Sa femme n’était pas d’accord, alors ils se sont querellés. Ensuite, le mari est parti et a laissé sa femme seule avec les enfants. Quand nous avons vu cela, nous sommes allés à la rencontre des deux personnes. Nous avons expliqué à l’homme qu’il ne pouvait pas abandonner ses enfants parce que la vie est chère et que sa femme ne pourra pas les élever toute seule. Nous avons dit aussi que s’il veut avoir une fille, elle ne doit pas embêter sa femme. Nous avons rencontré la femme également et elle a reconnu qu’elle s’était énervée trop fortement après son mari. Depuis, l’homme est retourné vivre avec sa femme.

Quels projets avez-vous pour le futur ?

Il est important que les femmes puissent apporter une contribution financière au ménage, sinon elles restent dépendantes de leur mari qui ne les traite pas sur un pied d’égalité. Cela permet aussi de mieux subvenir aux besoins des enfants. Or il est difficile pour les femmes d’y parvenir car elles ne possèdent pas de terres : les hommes disent qu’elles n’en ont pas besoin.

Nous avons plusieurs idées d’activités qui pourraient nous permettre de gagner un peu d’argent : poursuivre la culture du jardin potager, élever des poules, stocker du maïs [Le prix du maïs connaît des fluctuations importantes entre la période des récoltes et le reste de l’année : le bol se vend aux alentours de 270 FCFA au mois de septembre et à 1 500 FCFA en juillet. Un stockage permettrait de récupérer la différence de prix au profit du Club et de limiter la pénurie au début de l’été.] et fabriquer du savon [L’huile de palme, ingrédient de base de la fabrication du savon, est abondante dans la région de Gadjagan. En outre, le savons est un produit de première nécessité dont la demande ne cesse d’augmenter.]. Nous souhaitons aussi développer l’activité du groupe folklorique pour nous faire connaître et attirer des membres. Si nous avons suffisamment de fonds, cela nous permettra de soutenir les familles pauvres – les veuves par exemple – pour la scolarisation des enfants et aussi en cas de problèmes de santé [Il n’existe pas d’assurance sociale en matière de santé au Togo. En cas de maladie, certaines personnes n’ont pas les moyens de se soigner ou doivent pour cela vendre leurs outils de travail et compromettre leur subsistance future.].

Avez-vous les moyens de réaliser ces projets ?

Cette année, la cotisation individuelle a été fixée à 2 000 FCFA par personne, mais comme nous avons perdu de l’argent avec le jardin potager, nous n’avons plus que 20 000 FCFA dans les caisses. C’est insuffisant pour réaliser tous nos projets : il faudrait acheter des instruments de musique, louer à nouveau la terre pour le jardin et acheter du matériel agricole de base, ne serait-ce que pour prolonger nos activités de cette année. Les autres projets nécessitent aussi des investissements de départ : une cage pour les poules, un entrepôt et un stock pour le maïs, des matières premières pour le savon. Nous espérons que l’association FIT aura les moyens de nous aider.

Quel soutien vous apporte l’organisation FIT ?

C’est grâce aux séances de sensibilisation organisées par FIT que le CFM de Gadjagan a été créé. L’association nous apporte un soutien financier et des conseils relatifs à notre fonctionnement. Grâce à FIT, nous pouvons aussi rencontrer les femmes des autres CFM pour échanger sur nos expériences.


FIT

Marianne, présidente de FIT et Paul, Directeur de FIT en réunion de suivi avec les femmes du CFM de Gadjagan

 

Témoignages des autres membres du CFM de Gadjagan

Agathe : « J’aime m’investir dans ce groupe qui me donne une vie sociale. Nous sommes très unies et solidaires : nous partageons nos soucis et nous corrigeons mutuellement. Ça permet de se détendre entre amies ! »

Marie : « J’aime rendre visite aux foyers pour tenter de les aider à mieux vivre. »

Rosine : « J’aime notre partage et nos débats d’idées. Cela m’aide à gérer mon foyer et mes enfants. »

Mélanie : « Nous nous entraidons dans les idées et dans les actions. Grâce à CFM, j’ai appris à fabriquer du savon ! »

Bella : « J’aimerais que nous puissions toutes devenir exemplaires dans nos foyer pour attirer de nouvelles personnes à CFM. »

Rose : « Il y a de l’amour dans ce groupe, et cet amour nous donne envie de voler au secours des pauvres. C’est ce qui me plaît. »

FIT

Le CFM de Gadjagan sur son lieu de réunion habituel [Ce lieu de réunion leur est mis gratuitement à disposition par la famille d’une femme du groupe.]


FIT

Lieu de réunion du CFM en cas de pluie